Le Substack de Inframonde

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Arc 1 Aube - Le Grand 8 : L’envol des cendres

Arc 1 Aube - Le Grand 8 : L’envol des cendres

Où la rage devient des ailes

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Inframonde Sensoriel
juil. 02, 2025
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Arc 1 Aube - Le Grand 8 : L’envol des cendres
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🌸 Avertissement aux Infr’Âmes 🌸

Ce chapitre est une plongée dans la tempête intérieure d’Aube, où la rage et la culpabilité se mêlent aux échos d’un passé douloureux. Les souvenirs d’un traumatisme resurgissent, brutaux, dans des flashs d’eau glacée et de forêt oppressante, tandis que l’envie de fuir pulse comme un cœur affolé. La tension est lourde, les émotions crues, et un moment de désir intense éclate comme une flamme dans l’obscurité. Si les blessures du passé ou les scènes d’intimité brute vous touchent de près, avancez à votre rythme. L’espoir est là, fragile, dans chaque pas d’Aube vers un ailleurs. Restez, marchez avec elle, car la lumière naît toujours des cendres.


📖 Résumé de l’épisode précédent : La braise sous la cendre

Aube, déchirée par les souvenirs d’un passé violent, se tient au bord de la rupture. Sa colère explose contre Raphaël, son refuge, qu’elle accuse de la rejeter, tandis que la culpabilité la ronge : est-elle trop abîmée pour mériter son aide ? Dans une vieille maison, sous une douche glacée, les flashs du lac et de la forêt la submergent, mais elle refuse de plier. Déterminée à fuir le village qui l’a emprisonnée, elle s’habille d’une robe poussiéreuse, cache ses griffures, et s’accroche à Raphaël, son seul espoir. L’Islande devient une promesse, un horizon froid et lointain. La traversée du village est un calvaire : chaque regard familier la crispe, chaque ombre menace de la reconnaître. Lorsque son père, le monstre, surgit, Aube s’effondre, prête à courir. Mais Raphaël, d’un baiser brûlant, charnel, la ramène à elle, un instant de désir qui fait vibrer son corps et son âme. Alors que le monde s’efface, un coup à la vitre brise l’instant : son père est là, menaçant. Aube, transformée, n’est plus la petite fille d’hier, mais pourra-t-elle vraiment s’échapper ?


Un dernier regard avant de ne plus jamais revenir.


🛫 Arc 1 Aube - Le Grand 8 : Partie 1 L’envol des cendres

✨ Tout recommence par les yeux de ce monstre et le froid qui s’infiltre jusque dans mes os comme s’il me touchait sans bouger

À travers la vitre, son souffle râpe l’air, lourd, aigre, comme une bouffée de moisi s’échappant d’une cave scellée. Il est là, juste devant moi, ses yeux noirs fouillant l’habitacle, creusant des trous dans ma nuque, et je sens cette moiteur répugnante, ce relent de tabac froid mêlé de sueur rance qui s’accroche à ma peau, comme une tache impossible à laver. Mes doigts, crispés sur la poignée de la portière, glissent dans la sueur qui perle sur mes paumes, et un frisson me traverse, acide, brûlant, comme si mon corps entier rejetait sa présence. Le cuir du siège colle à mes cuisses, un craquement étouffé sous mon poids, et l’odeur d’essence et de métal envahit l’habitacle, se mêlant à celle, fade, de ma propre peur. Je suis revenue là-bas, dans la forêt, les branches griffant mes bras, la douleur vive comme des lames, la terre molle s’enfonçant sous mes pieds, son souffle dans mon cou, chaud, écœurant, comme une bête qui me traque. Mes lèvres portent encore la chaleur du baiser de Raphaël, ce goût de menthe et de sel, mais il s’efface sous la nausée qui monte, acide, brûlante, dans ma gorge. Je veux hurler, frapper la vitre, l’éclater en mille morceaux, ouvrir la portière et courir jusqu’à ce que mes jambes cèdent, mais les moutons bloquent la route, leurs clochettes tintant, leurs bêlements rauques emplissant l’air. Mes jambes sont lourdes, clouées au siège, et la honte me murmure qu’il m’a retrouvée, que fuir est impossible, que je suis à lui, encore.

Je tire sur le foulard, l’enfonçant sur mes cheveux, cachant les mèches blondes qui dépassent, et mon regard tremble, fuit vers la vitre opposée. Je veux me faire toute petite, disparaître dans le siège, dans le tissu rêche de la robe qui gratte mes griffures. Raphaël saisit ma main, ses doigts chauds, fermes, et je sens son regard du coin de l’œil, calme mais alerte. « Bonjour » dit-il, sa voix douce mais assez forte pour traverser la vitre sans l’ouvrir. Le mot me fait sursauter, un choc qui secoue ma poitrine, même si les clochettes des moutons devant nous étouffent l’écho.

« Vous avez pas aperçu ma fille ? Une petite blonde, vingt ans, couturière ? » La voix du monstre racle l’air, nasillarde, répugnante, comme un crachat qui s’écrase sur mes tympans. Les images de ses mains sur moi reviennent, brutales, ses doigts lourds, calleux, et je serre les jambes, un réflexe qui repousse le souvenir, le broie. Je mords l’intérieur de ma joue, le goût métallique du sang se mêlant à l’acidité qui monte dans ma gorge. Ma main serre celle de Raphaël, trop fort, mes ongles s’enfonçant dans sa peau, mais il ne bronche pas. Je garde la tête tournée, pressée contre la vitre froide, les yeux fixés sur le flanc de la colline, priant pour qu’il ne me reconnaisse pas, pour que cette robe, ce foulard, ces lunettes trop grandes me rendent invisible.

« Non, profondément désolé, monsieur. Je suis avec ma femme, nous partons en ville ce matin » dit Raphaël, sa voix si naturelle, si posée, qu’elle semble glisser sur l’instant comme une caresse. Je relâche légèrement sa main, mon regard scrutant les moutons, leurs silhouettes blanches et sales, leurs sabots claquant sur le pavé. J’aimerais leur crier de bouger, de dégager la route, mais la puanteur du monstre s’infiltre malgré la vitre, une odeur de tabac rance, de sueur aigre, qui remue mon ventre comme une cuillère géante brassant mes entrailles. Ma gorge se noue, l’acidité remonte, et je porte une main à ma bouche, retenant un haut-le-cœur. Je ne peux pas vomir. Pas maintenant. Pas ici. Il ne faut surtout pas que j’ouvre cette portière.

« Vous êtes sûr ? Une jeune fille, vingt ans, aussi mince que votre femme » dit-il, sa voix s’épaississant, suivie d’une toux grasse, un crachat qui s’écrase sur le sol avec un bruit humide. Le son résonne dans ma tête, aussi fort que s’il m’avait craché au visage. Une vague acide monte, brûlante, et je ferme les yeux, les paupières serrées, me concentrant pour ne pas laisser mon corps s’effondrer. Mon ventre se tord, comme si quelque chose remuait sans cesse, une cuillère invisible raclant mon estomac. Je transpire, des gouttes glissant sur ma nuque, collant le foulard à ma peau. Je veux de l’air, je veux courir, mais je reste figée, priant dans ma tête, répétant en boucle : Partez, laissez-moi, laissez-moi fuir.

« Non, mais si je l’aperçois, je lui dirai que vous la cherchez, d’accord ? » répond Raphaël, sa voix toujours calme, presque légère, comme s’il parlait du temps qu’il fait. Un silence s’installe, lourd, oppressant, et je n’ose ni ouvrir les yeux ni me tourner, ni même bouger d’un millimètre. Mon corps s’enfonce dans le siège, le cuir collant à mes cuisses moites, et je prie encore, un murmure muet : Je vous en supplie, laissez-moi partir, loin de ce monstre.

Le moteur rugit soudain, un grondement qui secoue l’habitacle, et les moutons s’affolent, leurs clochettes tintant plus fort. La voiture avance, un soubresaut qui me plaque contre le dossier. J’ouvre les yeux, la main toujours crispée sur ma bouche, retenant l’envie de vomir. Raphaël chuchote « Ça va ? », sa voix douce mais tendue. J’acquiesce d’un hochement de tête, incapable de parler, et mes yeux glissent vers le petit miroir à droite. Il est là, le monstre, sa silhouette massive contournant la voiture, s’approchant de ma vitre. Mon souffle s’accélère, un sifflement rauque, et je sens mon cœur cogner si fort qu’il pourrait éclater. Il va me voir. Il va me reconnaître.

« Embrasse-moi, princesse » murmure Raphaël, sa voix chaude, urgente, et ses doigts effleurent ma joue, glissent sur ma nuque. Mes épaules s’affaissent sous la douceur de ce mot, et je ferme les yeux, entrouvrant les lèvres. Les siennes, chaudes, se posent sur les miennes, une bouée dans la tempête. Son souffle mentholé chasse l’odeur rance du monstre, et je m’abandonne, rebondissant sur ses lèvres, avide, comme si je dévorais un gâteau sucré, moelleux. Chaque baiser est une explosion, une lumière qui jaillit dans ma poitrine, effaçant les bruits, les pensées, le monde entier. Mes mains agrippent sa chemise, froissant le tissu, et je goûte son souffle, sa chaleur, comme si je pouvais m’y noyer, m’y perdre pour toujours.

Un choc brutal contre la vitre, deux coups sourds, lourds, qui résonnent dans mon dos. Je me cramponne à Raphaël, mon corps tressautant, mais il ne s’arrête pas, ses lèvres toujours sur les miennes, son bras glissant vers le levier. La voiture bondit en avant, un soubresaut qui m’écrase contre le siège, et j’ouvre les yeux, haletante. Dans le miroir, la silhouette du monstre rapetisse, avalée par les maisons du village qui défilent, floues, alors que nous tournons au virage. « J’ai besoin d’air » murmuré-je, la gorge nouée, le ventre toujours tordu par cette cuillère invisible. Raphaël ouvre la fenêtre de mon côté, et une bouffée d’air frais, chargé d’herbe coupée et de terre humide, envahit l’habitacle. Je transpire, ma peau moite collant au cuir, et l’acidité remonte, brûlante, impossible à retenir.

« Arrête-toi ! » crié-je, la voix rauque, désespérée. Il freine d’un coup sec, les pneus crissant sur la route, et en une seconde, je me penche à la fenêtre. Tout ce que la cuillère a remué dans mon ventre jaillit, un flot acide, brûlant, qui s’écrase sur le sol dans un bruit écœurant. Une première vague, puis une deuxième, mon corps secoué de spasmes, mes mains cramponnées à la portière. La douleur est vive, comme si ma gorge s’arrachait, et la honte me mord, acide, me murmurant que je suis faible, sale, incapable de me tenir. La main de Raphaël caresse mon dos, douce, répétitive, un geste qui apaise sans effacer. J’aimerais le remercier, mais ma bouche est pleine de ce goût âcre, et mon corps tremble, vidé, épuisé.

Je déteste vomir, cette sensation de brûlure qui ne s’arrête pas, comme si quelque chose me rongeait de l’intérieur. Je m’appuie contre la portière, les doigts crispés, essayant de reprendre le dessus, de respirer. « C’est bien, princesse » murmure Raphaël, sa voix chaude, rassurante. « Ça va aller maintenant, ne t’inquiète plus. » Je tends une main tremblante vers l’arrière, cherchant la sienne. Il la saisit, embrasse le dos de mes doigts, et ajoute « Je suis là, on s’en va, c’est bon. » J’acquiesce, un hochement faible, et m’essuie la bouche avec mon bras, le tissu râpeux de la robe frottant ma peau.

Le moteur vibre plus fort, les pneus crissent à nouveau, et l’habitacle tremble, un frisson qui me fait sourire, malgré tout. Cette sensation est folle, comme si la voiture elle-même partageait mon urgence. Le vent siffle par la fenêtre, frais, chargé d’odeurs de champs et de liberté. Je retire le foulard, et mes cheveux blonds se déploient, libérés, emplissant l’air d’une odeur de lavande mêlée de sueur et du produit de douche de Raphaël. Le paysage défile, des champs dorés, des collines vertes, et chaque centimètre de route est une découverte, un pas loin de ce village, de ce monstre. Je me tourne vers Raphaël, son chapeau légèrement de travers, un sourire éclatant sur son visage. Il hoche la tête, comme pour dire « Oui, on y est », et je lui rends son sourire, fragile mais vrai.

Je m’enfonce dans le siège, la tête contre le cuir, ma main posée sur son bras, là où ses doigts serrent le levier qui bouge à chaque à-coup de la route. Les vibrations me bercent, et une musique douce s’élève, un piano délicat, clair, comme si les notes dansaient autour de moi. C’est plus net que la vieille radio du village, plus vivant, comme si les musiciens étaient là, dans l’habitacle. L’odeur d’herbe et de terre s’efface peu à peu, remplacée par la chaleur de la peau de Raphaël, son bras sous mes doigts, solide, rassurant. Le goût acide persiste dans ma bouche, mais je n’y pense plus. Mon corps s’alourdit, épuisé, vidé par la peur, la nausée, la fuite. J’ouvre les yeux par intermittence, juste pour m’assurer qu’il est là, qu’il ne disparaît pas. Sa main caresse ma jambe, un geste doux, et je lutte, mais mes paupières s’alourdissent. Le monde s’efface, et je m’endors, bercée par le grondement du moteur, la musique, et la promesse d’un ailleurs.

Une secousse brusque me tire du sommeil, un soubresaut qui fait craquer le siège sous moi. Ma bouche est sèche, râpeuse, comme si j’avais avalé de la poussière, et une humidité collante mouille mon menton. Je passe une main tremblante sur ma peau, et la honte me brûle : j’ai bavé, là, devant Raphaël, pendant que je dormais. Mes joues s’enflamment, et je baisse les yeux, fixant la robe rêche qui gratte mes cuisses. Une douleur sourde pulse dans mon front, comme un étau qui serre mon crâne, écrasant mes pensées. Un klaxon strident déchire l’air, plus aigu que les tracteurs du village, et je sursaute, mon cœur bondissant dans ma poitrine. Je me redresse, le cuir collant à mes cuisses moites, et attrape la main de Raphaël, posée sur ma jambe, chaude, rassurante.

Où sommes-nous ? Mes yeux, lourds, peinent à s’ouvrir, piqués par la lumière crue du soleil qui se réverbère sur le bitume. Autour de nous, un chaos de voitures, toutes différentes, rouges, bleues, noires, scintillant comme des scarabées sous la chaleur. Des gens partout, trop de gens, qui marchent, parlent, se pressent. Une immense bâtisse se dresse plus loin, avec des portes vitrées où des silhouettes entrent et sortent, comme une fourmilière. Mon regard s’accroche à deux hommes torse nu, adossés à un mur, leurs cigarettes dégageant une fumée âcre qui flotte jusqu’à moi. Une femme passe, sa robe rouge feu ondulant comme une flamme, et je cligne des yeux, fascinée, presque effrayée par tant de couleur. Une vieille dame, assise sur un banc, croque dans un sandwich, ses gestes lents contrastant avec un enfant qui hurle, poursuivi par sa mère dont les cris résonnent, stridents, dans l’air brûlant.

« Ça va ? C’est pas trop pour toi ? » La voix de Raphaël brise ce tourbillon, douce mais teintée d’inquiétude. Je tourne la tête, silencieuse, mes yeux cherchant les siens, gris comme un lac sous la pluie. « Nous sommes où ? » murmuré-je, ma voix rauque, presque avalée par le brouhaha. « Sur une aire d’autoroute » dit-il, un sourire en coin. « Un endroit où on s’arrête pour aller aux toilettes, acheter à manger, remplir l’essence des voitures. » Je fronce les sourcils, essayant de comprendre. « Comme un magasin ? » demandé-je, hésitante. « Oui, mais en plus grand » répond-il, son regard pétillant, comme s’il s’amusait de ma confusion. Mes yeux glissent vers une pancarte géante, illuminée, où des images bougent : des fruits juteux, une bouteille d’eau pétillante, des gouttes qui scintillent. Mon ventre grogne, une douleur sourde, et ma gorge râpe, toujours hantée par le goût acide du vomi. Je pointe la pancarte du doigt, incapable de trouver les mots.

« Tu as soif ? » demande-t-il, et je hoche la tête, un mouvement rapide. La douleur dans mon front s’intensifie, mes yeux brûlent, comme piqués de l’intérieur, et une sueur légère perle sur ma nuque, collant à ma peau. « J’ai besoin d’aller aux toilettes aussi, s’il te plaît » murmuré-je, la voix tremblante. Il acquiesce, prêt à sortir, mais je retiens sa main, mes doigts s’enfonçant dans sa peau. « Raphaël, c’est bête, mais je connais pas tout ça » dis-je, détournant les yeux, la honte me mordant le ventre. « J’ai besoin que tu m’aides, excuse-moi. » Les mots s’échappent, amers, et je fixe la vitre, incapable de croiser son regard. Tout le monde ici semble savoir quoi faire, où aller, comment être, et moi, je ne sais même pas comment faire pipi dans un endroit comme celui-ci.

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